Inventer l’hérésie ? – Monique Zerner


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Inventer l’hérésie ?
Discours polémiques et pouvoirs avant l’Inquisition

Sous la direction de Monique Zerner
Collection d’études médiévales n° 2
 – 1998.

Quatrième de couverture
Les dix articles réunis dans ce volume sont l’aboutissement d’une série de rencontres sur l’hérésie et les stratégies de l’église.
Inventer l’hérésie ? Aux sens de créer, découvrir quelque chose de nouveau, trouver, imaginer, imaginer de façon arbitraire, la question se pose dans tous les sens du terme. à partir de l’hypothèse que les discours anti-hérétiques sont construits pour défendre la progression de l’institution ecclésiale et prévenir ou affronter des résistances, tour à tour les auteurs (deux spécialistes de l’Antiquité et huit médiévistes) examinent dans une succession logique les dossiers rencontrés dans leurs propres recherches : saint Augustin contre Fauste, les premiers Pères de l’église contre les chrétiens gnostiques, l’évêque de Cambrai contre les hérétiques d’Arras, l’abbé de Cluny Pierre le Vénérable contre Pierre de Bruis et ses disciples, un certain moine contre l’hérétique Henri et des anonymes contre « l’hérésie », la défense des prières pour les morts et des dons à l’église pour le salut de l’âme, les rapports du chapitre cathédral de Lyon avec Valdès, le rôle des cisterciens dans la dénomination des « Albigeois »

Mon commentaire
Cet ouvrage, qui constitue les actes du séminaire « Hérésie, stratégies d’écriture et institution ecclésiale qui s’est tenu à Nice de 1993 à 1995, est orienté dans la démonstration de l’inexistence de l’hérésie chrétienne et, par voie de conséquence, du catharisme.
C’est à mon avis l’illustration des dérives que peut connaître un domaine de recherche quand il prétend étudier un sujet sans prendre connaissance de ce qui constitue ses fondements.
Si je partage le point de vue selon lequel le catharisme n’est pas une hérésie catholique et encore moins une dissidence, il va sans dire que sa réalité me semble évidente pour qui prend la peine d’en étudier la doctrine et de la comparer aux autres doctrines chrétiennes de l’époque et des précédentes.
Dire qu’il n’y a pas eu d’hérésie avant 1200 ne peut que couvrir de ridicule celles et ceux qui le soutiendrait. Les hérésies apparaissent toujours au moment où un groupe religieux devient tellement dominant qu’il prétend occuper seul tout le champ théologique disponible.
Ce fut le cas à la fin du quatrième siècle quand l’Église chrétienne de Rome (qui se disait déjà catholique) devint la seule église chrétienne reconnue par l’Empire romain. L’histoire de ces hérésie nous est connue et plusieurs ont eu l’honneur douteux d’être le centre d’intérêt des conciles catholiques.
Ce fut encore le cas quand la réforme grégorienne qui voulait moraliser et durcir le catholicisme médiéval vit apparaître des oppositions internes et un christianisme jusque là surtout implanté en Europe centrale et orientale.
Si cet ouvrage est utile aux chercheurs en raison des références qui y sont faites par plusieurs auteurs, il est sans intérêt, voire nocif pour les simples curieux.

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